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13 juillet 2010 2 13 /07 /juillet /2010 14:47

Intervenants : Clément Dorival

                          Pierre Poncelet

Nous nous sommes rendu à Milan durant ces trois jours afin d’échanger avec les participants de la  coopérative Estia à la prison de Bollate, les différentes impressions de chacun au sujet de l’atelier des spectateurs.

Le groupe avec lequel nous avons travaillé était composé de cinq détenus membres d’Estia, ainsi que de quatre autres personnes formant ce que l’on appelle le « groupe du dehors ». Ce groupe se composait d’un cadreur, d’une réalisatrice de films documentaires et de deux graphistes spécialisés dans la vidéo. Les coordinateurs de l’atelier des spectateurs pour l’Italie étant Gabriel Raimondi et Mikelina Capato.

Dès notre arrivée, l’un des participants, Pietro, nous a fait part de la difficulté qu’il avait à faire émerger, à partir des images proposées, un sujet/ une problématique susceptible de l’intéresser.

Nous avons commencé ce workshop en reposant les bases du projet. Nous ressentions en effet le besoin de «crever l’abcès» au sujet des images d’archives fournies par l’I.N.A.

Nous leur avons donc expliqué la provenance de ces images, ainsi que le choix des thématiques abordées cette session, à savoir la conquête de la lune et les murs dans le monde.

Puis, nous avons traité la question des films d’archives d’un point de vue général. Nous leur avons demandé s’ils avaient déjà vu des films à base d’images d’archives. Cela n’était pas le cas, à part pour deux d’entre eux qui se souvenaient en avoir vu dans des documentaires historiques.

En guise d’exemple, nous leur avons diffusé un extrait du film de Pier Paolo Pasolini, la Rabbia, qui a la particularité d’être composé uniquement d’archives de l’année 1962.

Nous avons été agréablement surpris par l’ensemble de leurs réactions. Ils ont tout de suite été sensibles à l’utilisation de l’image dans un contexte différent de celui d’origine. De plus, nombre d’entre eux ont remarqué l’importance du son dans la séquence diffusée.

Cela nous a permis de faire un lien direct avec ce que l’on souhaitait aborder avec eux, à savoir la possibilité de s’extraire de l’image tel qu’elle s’inscrit dans son contexte original, ainsi que la totale liberté de création qui leur était permise au niveau du son.

En effet, grâce à cet extrait, ils ont pu concrètement se rendrent compte à quel point le son peut modifier le sens d’une image.

Pour continuer dans ce sens, nous leur avons ensuite diffusé une brève sélection d’images d’archives (15mn par thématique) mais comme la plupart découvraient les images, nous les avons diffusées sans le son. De cette manière, chaque spectateur fut libre de se raconter sa propre histoire sur ses images.

À la suite de ce visionnage nous leur avons demandé deux choses : de relever quelques images qui les avaient marquées, ainsi que d’écrire un court texte sur leur conception de la frontière. Il en a découlé un échange agréable et relativement complet au sujet de cette notion. Associé aux images marquantes, cela a constitué pour eux un bon point de départ pour leur projet personnel, que nous avons mis en route dès le deuxième jour d’atelier.

 

Le samedi 3 juillet, nous avons organisé la journée en deux parties :

Une partie consacrée à la poursuite de ce que l’on avait engagé la veille, c’est-à-dire les projets de courts-métrages composés d’images d’archives.

La seconde partie fut consacrée au tournage de quelques images de l’écurie se trouvant à l’intérieur même de Bollate. Ceci afin d’apporter une courte initiation au maniement de la caméra, ce qui était à la base un souhait des participants.

Nous avons donc scindé le groupe en deux, une partie sur les archives, l’autre sur le tournage de ces images. Les groupes ont ensuite permuté.

Chaque participant a bénéficié d’un temps pour peaufiner son texte sur le thème de la frontière, en vue d’un enregistrement afin de constituer une voix off pour la continuité sonore de leur court-métrage.

Nous leur avons demandé d’enregistrer leur texte en variant leurs interprétations d’une prise à l’autre, de manière à ce qu’ils aient le choix selon la tournure que prendrait leur montage image. Certains ont trouvé cet exercice très amusant, d’autres ont eu plus de difficulté à s’exprimer devant un micro, il y en a aussi qui ont pris tout cela très au sérieux et qui ont été très pros.

Une fois les textes enregistrés, nous avons poursuivi sur la question du son en leur demandant de réfléchir aux autres éléments qui allaient composer la bande audio de leur film. Nous leur avons demandé de travailler sur une traduction audio de leur texte. Certains, fortement inspirés par  La Rabbia, ont souhaité un accompagnement musical, et nous ont fièrement annoncé qu’ils pouvaient très bien l’enregistrer eux-mêmes, grâce à un piano présent à l’intérieur de l’atelier.

Pendant que certains s’attelaient à la question audio, d’autres travaillaient sur leur bout à bout d’images marquantes. L’intéressant est qu’ils ont rapidement saisi le rôle que pouvait jouer le montage. En effet, ils ont compris que c’est au cours de cette étape qu’ils pourraient concrétiser les différentes mises en relations paradoxales qui peuvent naître de l’association des images de la lune et de celles des murs.

En fin de journée, nous avons fait un point sur l’avancée de tous les projets, de manière à savoir quel type d’accompagnement serait nécessaire à chacun la troisième et dernière journée de ce workshop.

 

Dimanche 4 juillet :

Pour cette dernière journée d’atelier, tous les participants possédaient l’ensemble des éléments nécessaires  à la poursuite de leur court-métrage. Les textes étaient enregistrés, l’ensemble des bouts à bouts images étaient bien avancés, il ne nous restait donc plus qu’à concrétiser tous ces différents éléments en projets de film, ce qui n’est jamais une étape simple mais toujours très intéressante.

Chacun des formateurs a accompagné un participant dans l’élaboration de son projet, mais cela ne s’est pas seulement résumé à une assistance technique mais à une réelle collaboration  autour du projet initial.

Certains des participants étaient un peu frustrés car ils sentaient qu’ils ne pourraient pas aller au bout de leur projet avant la fin de la journée. Nous leur avons expliqué que cela était tout à fait normal car un court-métrage ne se faisait pas en trois jours, et qu’il serait déjà très satisfaisant d’avoir à la fin de ce workshop des introductions de qualité pour chaque court-métrage. Le travail s’est donc poursuivi dans ce but-là, et malgré la chaleur et les quelques problèmes techniques dus aux incompatibilités entre les différents logiciels de montage utilisés (Final Cut Pro, Avid), chacun y a mis du sien et semble y avoir pris du plaisir, ce qui est le plus important.

À la fin de cette journée, chacun a pu présenter son projet et l’avancée de son montage, pour que les autres apportent leurs réactions. Tout le monde a insisté sur le fait que ce qu’ils nous avaient montré n’était pas des films terminés et qu’ils souhaitaient poursuivre le travail entamé au cours de l’atelier.

Nous les avons évidemment encouragés dans cette voie, tout en les félicitant du travail que nous avions accompli ensemble autour de ces trois jours de workshop qui ont constitué un bon point de départ pour l’atelier des spectateurs mené par nos amis italiens.

Pierre Poncelet.

 

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